Nous tenons cette conférence de presse, entre élus et militants communistes
– quelques heures avant la délibération du Conseil municipal de Bordeaux proposant de baptiser le pont Bacalan-Bastide du nom de Jacques CHABAN DELMAS,
– la veille de la pose de la travée centrale reliant les quatre piles et donc les deux rives.
Et c’est parce que nous ne boudons pas notre plaisir de voir enfin réalisé ce franchissement rive droite-rive gauche que nous voulons marquer aujourd’hui notre impatience à « finir le travail ».
En effet, l’idée de ce franchissement, à cet endroit précis, est porté, depuis 30 ans par les communistes. Nous avons multiplié déclarations, motions, tracts, actions diverses pour faire valoir deux idées simples :
– Besoin d’une traversée intra-urbaine fluidifiant les déplacements domicile-travail des habitants et salariés des deux rives.
– Y garantir un transport en commun public par rail, connecté en boucle à la ligne de ceinture SNCF.
Si le tunnel rail-route nous a longtemps mobilisés. Nous avons pris acte, en 2000, du choix majoritaire en faveur du pont et avons œuvré et pour qu’il ne ferme pas le Port de la Lune et pour qu’il réserve un transport en commun en site propre.
C’est donc le Pont à travée levante ( 4 voies pour véhicules, 2 voies TCSP et voies séparées pour vélos et piétons ) qui nous offre ce magnifique spectacle aujourd’hui.
Bravo !
Rapidité, prouesses techniques, défi environnemental par le transport maritime et fluvial des 443 mètres des 3 travées, forte communication de la CUB et pédagogie adaptée grâce à Cap Sciences, sont les atouts de cette réalisation.
Mais pour que la fête soit complète, il faut, selon nous, que l’essence même de la genèse de cet ouvrage « faciliter les déplacements entre deux rives », soit traitée jusqu’au bout :
A savoir, le raccordement par tram, ou tram-train, des gares de Cenon Pont Rouge et Cracovie !
En effet, on ne peut ignorer les limites objectives de la fonction « routière » de ce franchissement, tant la pression grandira encore pour les déplacements pendulaires domicile-travail, d’autant que cela s’accompagnera d’une urbanisation énorme des deux rives en têtes de pont (près de 10000 logements en projet de part et d’autre) .
Il faut donc, nous semble-t-il, avoir l’ambition d’un maillage du réseau de transport en commun réorienté vers le rail. Plus écologique, plus sûr, plus rapide, plus efficace, plus économique, ce tram-train de ceinture pourrait devenir cette épine dorsale d’un réseau non plus égocentré vers une ville-centre saturée, mais drainant Bassins à flot, Cracovie-Bruges, Caudéran, Arlac, Pessac, St Jean-Euratlantique, Benauge, Cenon Pont rouge et Bastide Niel, avec lignes de bus en correspondances.
C’est donc de la réponse à cet enjeu que dépendra le succès, in fine, de ce pont… Pour que, d’objet de curiosité des premiers mois, il devienne source de satisfaction, à terme, pour ceux qui bossent !
Enfin, parlons du nom du pont :
Tout le monde l’appelle Bacalan-Bastide. Certains le surnomment même BaBa.
Le président de la CUB a lancé, en solo, le nom de Toussaint Louverture, parce que c’était la commémoration du 10 mai contre l’esclavage et qu’il fallait « faire un coup ». Le Maire de Bordeaux a réagi, vexé, en proposant de délocaliser le nom de Chaban Delmas hors Lescure. Le PS tente alors de relocaliser le nom de Chaban sur le Pont d’Aquitaine pour sauver Louverture. Le Maire organise une pseudo concertation pour que d’autres noms isolent Toussaint. Puis il convoque une commission viographie pour rester dans les clous de la vie démocratique. Celle-ci est loin d’être unanime pour nommer le pont Chaban Delmas, tout en reconnaissant que ce grand homme mérite de prêter son nom à un ouvrage de renom. Des membres, non élus, y développent deux idées intéressantes :
– Chaban, lui-même, s’est toujours refusé à donner des noms de personnages aux ponts bordelais. Lui rendre hommage aujourd’hui serait de rester d’abord fidèle à ce principe.
– On ne peut pas dire que les deux quartiers, demain reliés, aient bénéficié de l’intérêt majeur que leur portait Chaban. Tant, ils furent, l’un et l’autre, sacrifiés sur l’autel de la désindustrialisation des années 70-80.
Pour notre part, nous restons sur l’idée que ce pont adresse un signe fort à deux quartiers populaires en attente, depuis 30 ans, de renouvellement urbain, de désenclavement et au fond… de reconnaissance.
Ces deux quartiers ont bâti un pan de l’histoire ouvrière et industrieuse de Bordeaux. Ils en portent encore non seulement des traces patrimoniales, mais aussi des perspectives économiques d’avenir (Chantier naval rive droite, Refit et SAFT rive gauche).
Ce pont est conçu comme une liaison urbaine, apaisée, non autoroutière. C’est donc en toute logique, que le nom Bacalan-Bastide est déjà entré dans les mœurs.
Si nous sommes seuls, en tant qu’élus, à défendre Bacalan-Bastide, nous pensons être toutefois en phase avec une majorité de Bordelais, lassés ou amusés par l’idée que la « prise » du pont (par le nom) constituerait un fait de guerre majeur en cette fin d’année 2012 !