« On a beaucoup parlé culture dans ce conseil municipal », retient ce matin le journal Sud-Ouest dont la journaliste, certainement pour combattre le froid, a dû sortir de la salle pour prendre un café à chaque intervention des élus communistes puisque nous sommes absents de son compte-rendu.
C’est vrai qu’on a parlé de culture. Ma camarade Nathalie Vitor-Retali a notamment souligné la trop grande timidité de la politique culturelle municipale, notamment en direction des populations les plus éloignées de l’offre actuelle. S’en est suivie un long, beaucoup trop long, jeu de ping-pong entre le maire et le président du groupe socialiste sur la taille comparée de la baisse du budget consacré à la culture à Bordeaux. Nous ne sommes pas rentrés dans ce jeu fatiguant.
Parce qu’Alain Juppé avait raison : le budget de la culture n’a pas baissé en valeur. Parce que Mathieu Rouveyre avait raison : la part de la culture dans le budget de la ville a baissé. Avec l’activité économique, le logement et le sport, ce budget Culture devrait être une grande priorité de la ville. Et le nombre d’habitants augmentant, il devrait augmenter. Le budget de la ville n’est donc pas un bon budget. Mais en baissant de manière inédite les budgets culturels, le gouvernement que soutient Mathieu Rouveyre, a pris une très lourde responsabilité. Comme dans l’affaire des rythmes scolaires, le gouvernement se décharge sur les collectivités locales pour financer des politiques qui devraient relever de la cohérence et de la compétence nationale. Au lieu de quoi, chacun fait avec ses bouts de chandelles.
Et à ce jeu là, la ville de Bordeaux est plutôt gagnante. Financement du tramway, rénovation urbaine, … Bordeaux joue peu la mixité sociale mais profite à plein des financements de l’Etat et de la communauté urbaine de Bordeaux. Avec de telles aides, on peut bien avoir 90% d’opinions positives dans un sondage national…
J’ai pour ma part profité du conseil municipal pour rappeler monsieur Juppé à ses responsabilités. Car c’est un peu fort de l’entendre aujourd’hui dénoncer le rôle « antiéconomique » des baisses de dotations aux collectivités ! Si les baisses imposées par le gouvernement sont effectivement scandaleuses, on n’ose imaginer ce qu’il en aurait été si Sarkozy avait été réélu… Au maire de Bordeaux, j’ai posé plusieurs questions auxquelles il ne s’est pas donné la peine de répondre: ses amis et lui ont-ils, oui ou non, voté le mécanisme de stabilité européen qui impose la baisse des dépenses publiques et notamment des collectivités locales ? La règle d’or imposée aujourd’hui à l’Etat et demain aux collectivités, est-ce que j’invente ou est-ce que c’est bien le gouvernement Sarkozy- Fillon-Juppé qui l’a inventé, tout comme le traité européen ?
Avec de tels états de services, le maire de Bordeaux peut bien donner des conseils en matière de réduction des dépenses publiques et de « maîtrise » de la hausse de la fiscalité… Hier en conseil, son premier adjoint s’est perdu en pirouettes, estimant qu’il faudrait relever les impôts locaux de 5% pour compenser les pertes de dotations d’Etat. Et Alain Juppé lui-même explique dans la presse que la hausse de la TVA est une très bonne solution…. La hausse de la TVA – impôt le plus injuste qui soit, c’est surtout une bonne solution pour les grandes fortunes, les rentiers et les gros actionnaires qui échappent une fois de plus à la mise en place d’une imposition plus juste. Sur ce point, nous avons été les seuls en conseil de CUB à défendre, contre les amis d’Alain Juppé, une hausse franche de la taxation des grandes entreprises de l’aéronautique et de la défense. Mais des centaines de citoyens ont déjà signé la pétition initiée par le PCF contre cette hausse injuste de l’impôts le plus malsain.
Car l’argent, il finira par manquer, c’est sûr, mais pas dans les beaux quartiers. C’est pour cette raison que j’ai axé mon intervention sur le renforcement du patrimoine de ceux qui n’en ont pas, j’ai nommé les services publics. Crèches, écoles, structures du périscolaire, sport, culture, logement social. Voilà des domaines dans lesquels il faut mettre le paquet en renforçant l’existant et en créant de nouvelles offres en direction des nouvelles populations arrivant sur Bordeaux, mais aussi en direction des populations les plus fragiles. Voilà quel devrait être le rôle de notre commune dans cette période de crise sociale profonde.
Sur le logement social, j’ai réaffirmé que nous devons mettre la pression en direction de l’Etat pour que le site de l’ancien commissariat Casteja accueille 100% de logement social. Pourquoi serait-il possible de créer un ghetto pour riches en plein cœur du quartier piéton, avec des prix flirtant avec l’indécent, et impossible de créer des logements accessibles à tous les revenus dans le quartier Gambetta ? C’est une longue bataille qui nous attend mais elle est largement gagnable.
Enfin, je crois bien avoir été le seul à parler de ce qui intéresse au premier chef les bordelais : l’emploi. Si j’en crois le sondage de Libération, c’est la priorité absolue que les bordelais imposent au futur maire. Et pourtant, pas un seul jeu de ping-pong à ce sujet, et quelques lignes à peine dans le document distribué par le maire. C’est bien simple, le sort de la filière nautique est effleuré et la filière électrique carrément ignorée.
Et pour cause, l’industrie en ville n’est ni dans le bilan ni dans le projet d’Alain Juppé. De même que la logistique en ville, le transport par fleuve et par rail des marchandises et matériaux. L’absence de ces axes de développement marque au mieux un manque d’ambition, au pire une satisfaction du fait que les industries et fonctions logistiques soient reléguées aux périphéries de l’agglomération. Ce n’est pas ma conception de cette ville. Je l’ai dit en conseil de CUB à propos du développement de la zone rive droite Brazza Nord, j’y reviendrais très bientôt sur ce blog. Et nous prendrons avec mes amis du Front de gauche des initiatives en ce sens dans les semaines qui viennent.
Voilà les quelques éléments que je retiens pour ma part de ce conseil municipal. Je sais que dans les jours qui viennent, les jeux de ping-pong vont continuer, que le maire de Bordeaux va se gargariser de ses bons sondages. Pour ma part, je compte bien poursuivre une campagne collective avec tous les camarades du Front de gauche. Une campagne qui fasse valoir les changements de cap nécessaires et possibles au profit du plus grand nombre. Parce que Bordeaux est belle et parce que je la souhaite rebelle !
NB: Le site d’information en ligne Aqui.fr vient de réaliser une série de petites videos bien sympathiques. Je vous invite à les découvrir au grè de vos centres d’intérêts : http://www.dailymotion.com/video/x17aqpp_vincent-maurin-marche-bordeaux_news