C’est parce qu’on ne nous propose que des recettes austéritaires pour tenter de résoudre la crise du capitalisme, qu’il me semble important de prendre un peu de recul sur l’existence ou pas de ressources inexplorées…
Les privilèges de 2013 sont énormes. Les masses d’argent en circulation progressent chaque jour. Par exemple, Michel Pinçon et Monique Pinçon Charlot révèlent * que les transactions sur les produits dérivés et produits financiers spèculatifs ont été 74 fois plus importantes que le PIB mondial en 2008. Ce rapport était de 1 à 15 en 1990 !
La richesse des 500 premières fortunes de France s’établit à 330 milliards d’euros et n’a jamais été aussi élevée. Elle a quadruplé en une décennie et représente 16% du produit intérieur brut du pays. Un dixième de la richesse est entre les mains d’un cent millième de la population. La France compte 55 milliardaires, 10 de plus que l’année dernière. Les dix premiers du classement ont vu leur fortune croître de 30 milliards en douze mois à 135 milliards (40% du total). Et tout cela au moment où notre pays connaît une crise qui fragilise les salariés les plus modestes, les plus démunis et accroît le chômage, où de nombreuses entreprises connaissent des difficultés. On notera au passage que cet enrichissement se fait souvent grâce au versement de dividendes substantiels. Or notre pays est l’un de ceux où les dividendes versés sont bien supérieurs à ceux octroyés dans les pays développés et en particulier en Allemagne. D’ailleurs un rapport du CESE montrait que ce prélèvement de dividendes pénalisait la compétitivité des entreprises françaises. C’est rarement souligné, en particulier par ceux qui veulent faire croire, à tort, que le « coût » du travail est l’enjeu majeur. En tout cas, cette situation montre clairement qu’il est plus qu’urgent d’engager une réforme fiscale structurante et de restaurer un impôt progressif, réellement progressif qui contribuera à réduire les inégalités de richesses. Les députés et sénateurs communistes/ Front de Gauche ont fait des propositions il y quelques semaines. Tout cela a été renvoyé d’un revers de main par le ministre du budget. Scandaleux de la part d’un gouvernement élu pour mener la guerre à la finance comme le proclamait Hollande lors de sa campagne. On aurait pu s’attendre à ce que le Président de la République, le 14 juillet placé historiquement sous le signe de l’égalité, annonce des dispositions fiscales pour faire contribuer davantage les plus riches qui manifestement ne connaissent pas la crise. Quelle mesure immédiate pourrait être prise ? Notre programme « l’Humain d’abord » développait des mesures immédiates et à plus long terme. Ainsi dès la loi de finance, nous devrions voter la création d’une nouvelle tranche à taux accru soit au titre de l’ISF soit de l’impôt sur le revenu et qui ne frapperait vraiment que les très riches. Il y a fort à parier que nous retrouverions vite les 500 premières fortunes cités plus haut. Jusqu’en 1995, le taux marginal supérieur (celui qui concerne les revenus les plus élevés) de l’impôt sur le revenu (IR) en France était supérieur à 55 %. Il a même atteint 65 % durant deux périodes : en 1966 et entre 1982 et 1985. On peut donc rapidement revenir à des taux marginaux supérieurs très élevés, pour au moins le cent millième de la population qui possède un dixième de la fortune nationale.
* « l’argent sans foi ni loi« , éditions Textuel
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