Voici l’interview donnée pour l’hebdo Courrier de Gironde:
Quelles sont les grandes lignes de votre programme pour la culture à Bordeaux ?
Bordeaux est une ville avec un fort potentiel culturel mais sous utilisé. Nous réaffirmerons le lien étroit entre le soutien à la création et l’appropriation sociale et citoyenne des oeuvres et des pratiques culturelles et artistiques. Nous agirons pour doter la mairie d’une politique culturelle ambitieuse en vue de favoriser le dialogue des cultures et de renforcer les échanges entre artistes et acteurs culturels sur Bordeaux.
Nous poursuivrons et développerons le combat pour l’exception et la diversité culturelles sur Bordeaux.
Nous refonderons l’action culturelle au service de la création et de son partage en l’inscrivant dans le cadre d’une mondialité du dialogue artistique et de l’échange de pratiques.
Nous voulons permettre un accès équitable aux pratiques culturelles.
La création artistique, l’action culturelle, l’éducation populaire, mais aussi la libre circulation des informations et des idées, la production et la diffusion des savoirs et des connaissances et leur appropriation par le peuple, sont des conditions majeures d’une transformation progressiste de notre société.
En effet, il ne saurait y avoir d’émancipation politique sans émancipation culturelle.
Que pensez vous du budget de 22 millions alloué à la Culture ? trop ? pas assez ?…
Si ce budget était suffisant, Alain Juppé ne ferait pas si souvent appel au Mécénat et récemment à la « souscription publique » pour acheter une œuvre d’art. Il faut à la fois plus de moyens et qu’ils soient mieux répartis. Aujourd’hui les grandes institutions culturelles monopolisent trop l’attention et les moyens de la ville. Mais pour nous, le débat n’est pas d’enlever à certains pour donner aux autres. Il faut que chacun ait les moyens de vivre ses ambitions. La municipalité doit offrir cette possibilité. Et l’Etat garantir la pérennité de ces moyens.
Que pensez vous de sa répartition actuelle? que changeriez vous ? que conserveriez vous ?
Aujourd’hui,le maire avance le chiffre de 33% du budget dédié à la pratique amateur, or, les lieux où peut se créer une véritable mixité entre artistes et amateurs (de tous âges et de toutes conditions sociales ) sont rarissimes à Bordeaux; il faut les développer pour accentuer le dynamisme de la ville en matière de création et , tout en constituant un vivier de talents, permettre aux artistes confirmés de partager leur pratique ce qui ne peut être que profitable pour tout le monde à terme.
Rendre plus perméables à l’ensemble des quartiers les pratiques de sensibilisation et formation des grandes institutions (Opera, TNBA, Conservatoire…).
Nous proposons également que chaque programme immobilier contienne un pourcentage de logement sociaux avec ateliers afin que d’une part les artistes puissent vivre et travailler dignement à Bordeaux, mais aussi qu’une nouvelle mixité soit assurée par la présence d’artistes dans tous les quartiers de Bordeaux.
D’un point de vue culturel, qu’est ce qui vous différencie des autres candidats déclarés ?
Faisons d’abord un constat, depuis un an et demi la critique de la politique culturelle menée par Alain Juppé est handicapée par un argument dont celui-ci use et abuse : jamais le budget national consacré à la culturel n’aura subi les baisses que lui inflige aujourd’hui le gouvernement Ayrault. Ce n’est pas digne d’un gouvernement de gauche. Et c’est là que se fait la différence. L’Humain d’abord n’est pas pour nous qu’un simple slogan ; cela signifie que les besoins humains doivent passer avant tout. L’austérité ne doit donc pas amputer l’ambition culturelle, surtout pas en temps de crise.
Il faut que la Commune se persuade que la culture n’est pas qu’un coût à réduire. Mais un investissement humain contre la crise, et un vrai vecteur économique en phase avec l’intérêt général. Le recours systématique au mécénat, soutenu par toutes les autres formations politiques, montre la démission de la puissance publique !
Etes vous favorables à un événement culturel estival (type festival) d’envergure nationale à Bordeaux ? Si oui, sous quelle forme ?
Encore une fois, la question n’est pas d’avoir de gros ou de petits évènements. L’enjeu est dans le maillage entre les grandes actions et les actions du quotidien. Oui, des évènements du type biennale d’Art contemporain, Estuaire entre Nantes et Saint-Nazaire, peuvent nous guider dans nos réflexions. Mais cela doit se faire en relation avec une réflexion pédagogique et d’appropriation populaire. Sygma a été une réussite parce que Roger Lafosse était d’ici et qu’il a réussi à y faire venir les plus grands artistes…il y a à Bordeaux des associations comme MC2A capables de porter de gros projets à la fois artistiques, exigeants et populaires; il faudrait leur faire davantage confiance! Mais il y a une chose sur laquelle tous les acteurs pourraient être consultés, c’est la construction d’un Mémorial de la Traite négrière à Bordeaux. Nous portonsl’idée de son édification sur les quais, sur la promenade qui serait baptisée Toussaint- L’Ouverture, entre les Quinconces et le pont Bacalan-Bastide.
Quel est votre dernier coup de cœur culturel ?
Chaque acteur de la liste « Bordeaux pour tous » aura certainement une réponse différente. Beaucoup ont été très impressionnés par la prestation de Bernard Lubat et Hamid Ben Mahi, lors du dernier Novart. Ma collègue Natalie Victor-Rétali a été subjuguée par la dernière prestation des sœurs Labèque à l’auditorium. A titre personnel, je soulignerai la remarquable exposition de Fédérica Matta, il y a deux ans à la base sous-marine, restituant un travail remarquable avec des classes d’établissements scolaires de Bordeaux Nord…un art véhiculant une énergie communicative pour les droits de l’homme et de l’enfant ! En septembre dernier, c’est le festival Nomades à Bacalan, pour lequel j’étais bénévole, qui, loin d’une pratique événementielle trop répandue, permet d’irriguer tout un quartier durant sur plusieurs semaines.