Ne boudons pas notre plaisir… le quartier de Bacalan vient de remporter une nouvelle victoire: après avoir sauvé la grande écluse, il obtient la réutilisation des formes de radoub !
Cela montre la force du rassemblement et de la persévérance.
Car durant ces 30 dernières années, les embûches furent nombreuses. Les extraits des publications de Vie et Travail (ci-dessous) en atteste.
Les années 80, sous Chaban et Mitterrand, enterrent les activités industrielles de la ville. Le port est en ligne de mire, les friches remplacent les usines de Bacalan. CGT et PCF mènent les luttes, dont la plus emblématique sera celle de la raffinerie de sucre en 1984, qui donnera naissance à l’association Vie et Travail à Bacalan.
Dès 2001, se dessine le projet d’aménagement des bassins à flot. La commande municipale est claire: poursuivre la promenade des quais (Perrault-Corajoud) pour une jonction harmonieuse vers le nouveau quartier du Lac, avec un site des Bassins dépouillé de toute activité portuaire (sauf plaisance sur le bassin n°2), où l’accastillage, la maintenance navale, l’usage ouvrier de la plaque portuaire seraient remplacés par du tertiaire, du commerce et des musées !
Le projet de l’architecte Grumbach répond à ce cahier des charges. A la Communauté urbaine de Bordeaux, PS et Droite valident ce Plan Guide en 2003, qui condamne et la grande écluse et les formes de radoub.
Seuls les élus communistes, par ma voix, s’y opposent.
En mars 2003, le journal de l’association Vie et Travail à Bacalan interpelle: »Le projet de fermeture de la grande écluse va condamner définitivement l’accès du bassin n°1 aux navires de moyen tonnage et donc toute possibilité de réparation navale (…) »
» Puis, en 2004, sous l’impulsion de Pierre Cétois et Patrick Picot, une lutte inter-associative se développe et rassemble 1000 signatures. Les élus PCF et PS de Bordeaux Nord sont présents. Juppé recule… mais tentera l’année suivante de priver Bacalan de la desserte du tramway au prétexte de l’impossible franchissement de la grande écluse !
En 2011, le projet Grumbach est remplacé par celui de Nicolas Michelin. La ZAC (aménagement concerté à maîtrise publique) laisse place à un PAE (aménagement d’ensemble livré aux promoteurs). Si le pôle de réparation navale réapparait sur le plan, le discours officiel est plus évasif. Ce qui me conduit à écrire cet article dans le journal municipal en octobre 2012: tribune libre.
En novembre 2012, devant les atermoiements du Maire et des promoteurs immobiliers, disqualifiant le projet de refit, jugé incompatible avec la densification urbaine du lieu (voir lettre ouverte au maire), les associations de Bacalan lancent une pétition qui recueille vite 600 signatures, déposées sur les bureaux du Maire et du Président de la CUB.
Octobre 2013, Vie et Travail contribue une nouvelle fois à inscrire le projet dans le paysage bacalanais en donnant la parole à M.Lausseur, patron du cluster d’entreprises (interview).
Puis revirement du Maire en novembre 2014: l’opinion, les associations, les élus locaux, le Port, ses salariés, les armateurs de croisières fluviales parviennent à le faire céder (article blog) !
Les travaux de réfection du bateau-porte et de la machinerie de la forme n°1 commencent en 2015 et le Breuil, barge qui transporte les éléments de fuselage de l’Airbus A380, fera son entrée le 30 juin ! Enfin..!
Puis ce sera le tour du navire de croisière River Princess.
Les syndicalistes du Port considèrent que le projet de refit de navires de grande plaisance a désormais un atout de taille: la preuve que Bordeaux peut les accueillir !
Nous avons désormais une idée précise de la chronologie de cette résistance enfin couronnée de succès dont l’acte fondateur fut le vote déterminant de l’opposition en 2003.
Je me souviens des arguties des promoteurs du projet Grumbach ringardisant les partisans du refit sur l’air de « il faut tourner la page » « regarder vers l’avant » « parier sur l’avenir » etc etc….
L’avenir, justement :
C’est l’action salvatrice de ceux qui ne se sont pas docilement allongé devant l’urbanisme vertical. Il fallait aux « anciens » beaucoup de modernité pour contrer le projet monochrome du dortoir de luxe/musée pour le triptyque harmonieux habitat/culture/ travail.
L’âme du quartier réside dans l’accueil des néo bacalanais sans renier son histoire et la vitalité créative de son savoir faire maritime.
Pas de doute, le passé a de l’avenir