Le conseil municipal du lundi 24 octobre traitait de 5 délibérations relatives au Grand Stade. Nous avons rappelé notre soutien au projet de réalisation d’un tel équipement mais dénoncé le recours au Partenariat Public Privé. Je rappelle la position de notre groupe concernant la réalisation du nouveau stade :
D’abord pour réaffirmer que cet équipement est utile à notre ville, notre agglomération et notre région. Oui, une agglomération proche du million d’habitants doit offrir au public sportif des conditions de spectacle modernes, confortables, adaptées au handicap, avec une tarification sociale garantie, facile d’accès. Oui le site de Bordeaux-Lac répond à ce dernier critère. Notamment par les deux lignes B et C de tramway, dont nous persistons à juger opportun la jonction avenue de la Jallère.
Ensuite, je rappelle que les raisons de notre désaccord avec le projet sont diamétralement opposées de celles de nos collègues PS et Verts. Pour nous, investir dans un équipement public en période de crise n’est pas une ineptie, bien au contraire ! On peut même dire que ces dernières années, pour de nombreux territoires, ce sont les investissements publics qui sont souvent les principaux vecteurs de croissance de notre économie. Logement, transports, santé, culture ou sport… ne doivent pas être considérés, selon nous, comme des coûts à réduire systématiquement, tantôt sur l’autel du dogme européen des 3 % de déficit public indépassable, tantôt sur l’autel d’une « décroissance » dont les premières victimes seraient sans doute les plus pauvres.
Et c’est parce que nous dénonçons les dérives de l’économie libérale privilégiant le logement privé défiscalisé au détriment du logement social, privilégiant le tout LGV au détriment du TER et du Fret marchandises, privilégiant le recours au mécénat culturel plutôt que l’engagement public, privilégiant le foot-business plutôt qu’une politique maîtrisée et financée par l’Etat du sport de haut niveau, que nous ne pouvons approuver le contrat de partenariat présenté pour le grand stade.
Comme pour la LGV Tours-Bordeaux (et les 300 millions impactés sur le budget régional), comme pour l’Arena de Floirac ou la Cité municipale de Bordeaux, nous refusons le montage financier et la gouvernance induits par le Partenariat Public Privé (PPP). Permettez-moi de citer l’architecte Régis Rioton, conseiller national en charge de la commande publique sur les PPP : « Le choix du PPP est un abandon, très politique, des prérogatives et responsabilités de la puissance publique. Les PPP sont un gigantesque marché et une bombe à retardement aux conséquences multiples. » Le fonctionnement et la maintenance des équipements est une véritable rente qui dure des dizaines d’années. Encadrées par des clauses figées du contrat, toutes les modifications futures, nécessaires mais non prévisibles, se paient au prix fort. On en voit l’exemple phare aujourd’hui avec la construction du Centre hospitalier Sud Francilien : suite à des modifications imposées par l’agence régionale de santé, le groupe Eiffage réclame 100 millions d’euros !
Quant à l’autre argument qui, depuis 2004, militait en faveur des PPP, à savoir : l’intérêt comptable à court terme (c’est le privé qui investit et les collectivités qui remboursent un loyer)… Et bien, il s’écroule avec l’arrêté du 16 décembre 2010 à propos de l’instruction budgétaire et comptable applicable aux communes et EPCI, qui stipule : que la quote-part relative à l’investissement est dorénavant considérée comme une dette. Plus moyen donc, de dissimuler son coût aux contribuables, et ses incidences sur le déficit à vos amis de Bruxelles !
Enfin, deux mots sur l’avenir du stade Chaban Delmas. Il faut, nous l’avons dit en Conseil de CUB, mettre à plat l’ensemble des besoins, l’éventail de l’offre actuelle, les ambitions nouvelles en terme pour des équipements sportifs d’envergure intercommunale, voire régionale. Chaban, Moga et Gd Stade ont tous trois un usage à définir en faveur du sport de haut niveau, mais aussi du sport amateur dans notre agglomération. Clubs, comités sportifs, scolaires, citoyens doivent pouvoir donner leur avis, pourquoi pas sous forme de séminaire public, quant à l’avenir et l’usage de ces infrastructures.
V.Maurin