Il y a 27 ans, j’organisais, avec la jeunesse communiste, la première manifestation bordelaise pour la libération de Nelson Mandela. Après plusieurs mois de mobilisation et de pétitions dans les lycées, facs et quartiers de Gironde, 1500 personnes manifestaient rue Ste Catherine le 15 novembre 1986.
Ci-dessous, vous pouvez mesurer la place qu’accorda Sud-Ouest à cet évènement, les 14 et 15 novembre 1986:
Approchez-vous un peu, ce sont les 10 lignes entre l’annonce de la « Coupe des jeunes fleuristes » et celle des festivités des 40 ans du Secours catholique.
Et le14 novembre, le titre de la brève était plus gros mais la taille identique, au dessus du Carnet du jour…
Le 24 juin 2013, en séance du Conseil municipal, j’ai solennellement appelé le Maire de Bordeaux à baptiser le Grand Stade du nom de Nelson Mandela. Il m’adresse une longue réponse argumentée, valorisant la pertinence de ma démarche. Sud-Ouest n’en dit pas un mot le lendemain !
Pire, alors que les media du monde entier sont suspendus à l’annonce imminente du décès de Madiba, et traitent déjà l’évènement (une du journal de France 3 hier soir), SudOuest y consacre juste une phrase en page 5 .
Décidément, quand l’actualité appelle l’émergence d’un monde nouveau et l’audace d’en soutenir ses valeurs, un monopole de presse se limite à hésiter entre cécité ou aveuglement !
Mandela mérite pourtant les honneurs de Bordeaux !
Qui, mieux que le nom de Nelson Mandela symbolise l’universalité des valeurs du sport ?
Non le Grand Stade de Bordeaux ne doit pas porter le nom d’une marque (naming).
Suite ma proposition de donner au stade le nom du leader sud-africain, le Maire, agacé, a laissé entendre que le plan de financement du partenariat public-privé (PPP) impose le naming. Mais il n’en est rien: Lille, dont le stade est pourtant livré depuis un an, vient de s’en séparer pour honorer la mémoire de Pierre Mauroy.
Alors comment trouver les financements ? L’Etat, qui, lors de la candidature de Bordeaux, avait annoncé 40 millions d’euros de participation, doit tenir ses engagements (actuellement 28 millions) !
Et s’il faut remettre en question le montage PPP, faisons-le ! Depuis 3 ans, les groupes des élus communistes à la CUB et à Bordeaux en dénoncent les dérives pour les finances des collectivités, soutenu aujourd’hui par une partie du PS, éclairé par l’échec de l’opération de l’hôpital d’Evry et du stade MMArena du Mans.
Alain Juppé a reconnu en conseil municipal la nécessité de donner le nom de Mandela à un lieu ou édifice important de la ville. Bordeaux s’en honorerait et aurait ainsi l’occasion de montrer au monde son engagement pour les droits de l’homme et contre les discriminations. La responsabilité de notre ville dans la traite négrière du XVIIIème siècle, ne lui confère t-elle pas ce devoir aux yeux du monde ?