Depuis trois jours, ma proposition de nommer le futur stade Nelson Mandela fait débat. Sur ce blog, chacun a pu donner son avis. Les responsables des différents groupes d’élus municipaux l’ont fait aussi. C‘est une excellente chose. Enfin ce stade devient l’enjeu d’un débat citoyen et non plus seulement l’apanage de politiciens, techniciens et financiers. Ce n’est pas la moindre des choses.
Rappelons-nous que le stade Lescure fut construit dans des années très difficiles, dans les années 1930, avec la vision que le sport pouvait être à la fois partage et spectacle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle personne n’envisage de reconversion de ce site autre que dans un usage particulièrement lié au sport pour tous. Nous soutenons cette vision.
Ce débat sur le nom du futur stade permet donc, dans un premier temps de revenir sur ce que nous voulons en faire. Doit-il rester le stade du club des Girondins de Bordeaux et de M6 ? Comme beaucoup d’entre vous, je suis très attaché à ce club et j’étais au Virage Sud de Chaban-Delmas pour la retransmission de la finale de la Coupe de France. Mais penser le futur stade comme le seul stade des footballeurs de l’élite est une erreur. On sait que l’UBB devrait l’utiliser. Je souhaite que ce soit dans les meilleures conditions, y compris financières.
Depuis le début, les élus communistes à la mairie et à la CUB militent pour que ce futur stade garantisse un usage sportif le plus large: sport féminin, sport amateur, sport scolaire. C’est la gestion par les collectivités locales qui pourrait le garantir.
Impossible ? Par la voie démocratique, nous pourrons dessiner d’autres contours financiers et d’autres objectifs à cette nouvelle enceinte. Je le dis à mes amis de gauche, mettons nous d’ores et déjà dans ces dispositions ! De la même manière que je crois qu’il est du rôle des collectivités de financer un beau stade béglais pour les rugbymen, je crois que l’argent existe pour une politique publique du sport.
Ensuite, on me dit que Mandela et Bordeaux n’auraient rien à voir ensemble. C’est une façon de voir les choses. Ce n’est pas la mienne. Peut-être parce que le souvenir des manifestations qu’avec les Jeunes communistes girondins, nous avons organisé à la fin des années 1980, est très présent dans mon cœur et dans mon esprit. La disparition prochaine de Madiba me rappelle cette lutte fabuleuse que nous avons su gagner par-delà les frontières. Un lutte à portée universelle.
Et puis Bordeaux, c’est la ville où nombre de rues portent encore le nom de marchands d’esclaves et de nobles qui se sont enrichis durant tout le 18ème siècle sur le dos des esclaves. Et sur leurs vies. Bordeaux ferait un geste immense en mettant en avant la lutte contre le racisme, pour l’égalité des droits.
Ce sont des gestes forts que peut se permettre une grande ville comme la nôtre. Car, après tout, qui peut m’expliquer le lien entre Bordeaux et Adolphe Thiers ? L’assassin de la Commune de Paris bénéficie pourtant d’un hommage permanent sur notre rive droite. Voilà le type de balafre que nous pouvons effacer en don.nant à Mandela le nom d’un des grands monuments de notre ville.
Mon souhait maintenant, c’est évidemment que le débat se poursuive. Voici pour l’alimenter le débat que notre camarade Nicolas Bonnet avait tenu avec David Douillet et un élu Vert dans l’Humanité :
http://www.pcf.fr/sites/default/files/grands_stades_1.pdf
Pour ma part, c’est clair, il faut poursuivre la mobilisation pour que Bordeaux s’honore en honorant Mandela !
[emailpetition id= »2″]
Je ne suis qu’un citoyen banal, mais je voudrais revenir sur certains éléments qui me gênent dans cet article.
Premièrement, la relation entre Mandela et Bordeaux est expliquée par le souvenir d’une manifestation des JCG fin des années 80. Je m’excuse, je ne vois toujours pas le rapport avec Mandela.
Deuxièmement, les négriers font partie intégrante de l’histoire de Bordeaux. Si les méthodes laissent à désirer par rapport à l’idéologie actuelle, c’est en grande partie grâce à eux que Bordeaux est devenue une ville d’importance aujourd’hui et qu’elle est ce qu’elle est. Ils ont apporté une splendide contribution à la ville de Bordeaux (certes de manière contestable) et en même temps, leurs noms doivent demeurer pour ne pas oublier le passé : « un peuple que oublie son passé se condamne à le revivre ».
Enfin, je finirai par l’attribution du nom de Mandela au nouveau stade. Faut-il vraiment se jeter comme un vautour sur quelqu’un qui meurt pour en faire n’importe quoi? D’une part, je pense qu’un homme de son envergure mérite beaucoup plus qu’un stade au sein duquel on entendra beaucoup d’insultes racistes que d’appels à la démocratie, la liberté ou l’égalité. D’autre part, Mandela n’est ni une personnalité bordelaise, ni même française, ni un sportif important. C’est par ces critères que l’on peut nommer dignement un stade dans notre culture (je ne suis pas sûr que l’on trouve un stade Abraham Lincoln ou un stade Garibaldi en France, ce qui semble logique). Occasionnellement, le nom est celui du site sur lequel se trouve le stade. Mais pas plus…
« Certes de manière contestable »… Y’a des cours sur l’esclavagisme qui se perdent…
Quand à la « splendide contribution », vous devez certainement parler de la contribution des hommes, des femmes, des enfants qui ont été vendus et maltraités pour assurer la richesse des Stuttenberg et autres !? Et pour assurer, c’est vrai, la beauté des batisses bordelaises. Enlever leurs noms de nos rues, ce n’est pas oublier notre histoire, c’est rétablir la mémoire de ces esclaves et c’est être nous-même plus dignes.
On a du chemin à parcourir et donner un Stade à Mandela dans cette ville, ce serait un beau geste !
On diffuse Vincent, on diffuse et on en parle même dans les Nouvelles qui ne se trompent pas de combat !