12 enfants roms scolarisés à Bordeaux nord à la rue mardi ?

Monsieur le Préfet,

 J’ai l’honneur de porter à votre connaissance l’inquiétude d’une partie de la Communauté éducative du quartier de Bacalan devant les conséquences de la destruction mardi 21 janvier du squat de l’avenue Schinazi à Bacalan, sans solution alternative pour la grande majorité des familles roms concernées.

En effet, parmi les personnes expulsées demain, douze enfants sont scolarisés dans les écoles Charles Martin, Labarde, Achard, Lucien Faure, Dupaty et au collège Blanqui.

Pour la plupart, ces enfants sont sur le territoire de la CUB depuis plusieurs années. Leurs familles errent de squat en squat, au gré des expulsions. Seule une petite minorité a fait l’objet d’un diagnostic au titre de la Maîtrise d’oeuvre urbaine et sociale (MOUS).

Certaines ont des enfants scolarisés depuis 1/2/3 voire 4 années. La majorité d’entre eux ont une fréquentation régulière de la classe. La plupart ont pu être intégrés à des dispositifs visant à favoriser leurs apprentissages : cours UPE2A, classe d’accueil du collège Blanqui, Programme de réussite éducative de Bacalan…

 L’investissement des équipes pédagogiques est important. Le travail partenarial avec les familles et les services compétents (MDSI, médiateurs ville de Bx, médecine scolaire…) est réel mais lourd.

L’Education nationale, dans le cadre de la MOUS, a dégagé d’importants moyens à disposition du collège Blanqui (classe d’accueil), visant à faciliter  l’intégration par l’école de la République. Pour quels résultats, si, in fine, les enfants sont rejetés ?

Ce soir, dans mon bureau, les deux familles dont les enfants sont élèves de Charles Martin, me demandaient une aide pour obtenir ce soir un toit avec un point d’eau . La ville de Bordeaux leur proposera une chambre d’hôtel pour une nuit… et après ?

L’émotion provoquée par cette situation d’urgence humanitaire appelle, me semble t-il, la mobilisation de nos institutions: Etat, CUB, Conseil général, Ville. Je le répète depuis plusieurs années (http://www.vincentmaurin.fr/roms-les-expulsions-ne-reglent-rien/).

Avec, comme ligne de conduite, les principes de la convention internationale des droits de l’enfant, les préconisations inclusives du Conseil de l’Europe, et tout simplement, les valeurs de notre République !

C’est pourquoi je vous prie, Monsieur le Préfet, de bien vouloir réquisitionner sur Bordeaux et CUB, dès aujourd’hui, les logements nécessaires à l’hébergement des familles du squat Schinazi et à diligenter le travail diagnostic dans le cadre de la MOUS, afin de permettre l’accès aux droits pour ces hommes, femmes et enfants de notre territoire européen.

 Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, en ma détermination à agir pour les droits de l’enfant.

Vincent Maurin

Conseiller municipal de Bordeaux

Conseiller communautaire

représentant de la CUB au Conseil départemental et Conseil académique de l’Education nationale

 

Logement: quand nos interventions font avancer la cause du social

Aujourd’hui, c’est conseil municipal. Vendredi dernier, lors du conseil de CUB, un évènement peu ordinaire s’est produit; on en a trop peu parlé. En effet, suite aux interventions répétées du groupe des élus communistes, et des Verts, le président Vincent Feltesse a pris la décision de retirer pour la seconde fois une délibération concernant le logement social sur la ville de Bordeaux.

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Doubler la construction de logements pour tous… Qui s’y engagera ?

Des années que tout le monde est d’accord sur le constat : il faut construire plus de logements sociaux. Et des années que les élus communistes à Bordeaux et à la Communauté urbaine, expliquent que le logement social, c’est le logement pour tous. Et voilà que la Fondation Abbé Pierre (dont le travail est reconnu par tous mais dont les recommandations sont rarement appliquées) publie un rapport sur le logement en Aquitaine qui est purement accablant pour notre région et singulièrement pour la ville de Bordeaux. « Comment un jeune peut-il se payer un T2 à Bordeaux à 500 euros par mois quand deux-tiers des salariés de moins de 25 ans perçoivent 830 euros , le SMIC mensuel pour un job à trois-quart temps ? », interroge Sud-Ouest. Et que dire des allocataires aquitains de la CAF pour qui le loyer représente 39% de leur revenus annuels ? On n’ose imaginer quel est ce poids pour les allocataires vivant à Bordeaux…

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Logement social: urgence non partagée à la Cub !

 

« Mon intervention prendra une tonalité évidemment bien différente de celle des élus de droite qui viennent de donner le ton: haro sur le logement social ! Car cette délibération est pour nous d’abord pour nous le signe que le changement est possible.

Oui, l’objectif de conventionner 5000 logements sociaux en 2013 est un objectif très ambitieux, inégalé même. Mais la crise sociale prend une dimension tout à fait particulière sur la question du logement. Au point qu’avec le travail il devient un des facteurs principaux d’exclusion.

Les élus communistes l’ont dit ici des dizaines de fois : quand 60% des ménages girondins ne peuvent pas consacrer plus de 600 euros pour un T3 et qu’aucune des opérations d’aménagement qui sont soumises à notre approbation ne dépasse 25% de logements sociaux, c’est que nous avons un sérieux problème avec l’état réel de la société que nous sommes censés représenter.

Et ce ne sont pas les opérations d’accession dite « sociale » à la propriété qui pourront y répondre. Dans ce contexte de crise, l’accession « sociale » et les loyers PLS ne sont plus considérés par personne comme relevant du logement social. Et surtout pas par les organismes sociaux ni les associations qui oeuvrent sur le sujet. Ainsi, la communication du maire de Bordeaux qui annonce partout qu’il réalise 55% de logements sociaux dans ses grandes opérations, n’a aucun rapport avec la réalité: il faut y retrancher les 20% d’accession « sociale » et les 10% de PLS !

Cet objectif de 5000 conventionnements peut donc être salvateur. Il va nous permettre d’interroger ou de réinterroger chaque commune sur ses opérations. Je vous invite par exemple à reprendre nos précédentes interventions sur les opérations conduites à Bègles, Floirac ou Bordeaux. Vous y trouverez des pistes de travail.

En cœur de ville de Bordeaux, va ainsi d’ouvrir un important chantierchantier de réhabilitation du site de l’ancien commissariat Castéja. Chantier situé dans un quartier particulièrement dépourvu en logements sociaux et dans une ville encore très en-dessous des exigences de la loi SRU (16%). Pour nous, cette opération peut être une expérience pilote : réalisons à Casteja 100% de logements sociaux au lieu des 20% aujourd’hui programmés.

Des logements de qualité, répondant à la diversité des besoins en termes de logements sociaux et à l’excellence environnementale dans un quartier qui souffre beaucoup de la pollution.

Hélas, nous savons que, très soucieux de conserver ses ghettos de riches, le maire de Bordeaux argumentera qu’il n’est pas question de créer des ghettos de pauvres. Mais je rappelle une fois encore que 60% de girondins sont très loin des seuils nécessaires pour accéder au logement locatif dans ces quartiers là !

Sur un autre plan, cette délibération est aussi, Monsieur le Président le signe que l’austérité est le mal qui bloque toute velléité de changement véritable. Je cite d’ailleurs la délibération elle-même: « Compte tenu de la raréfaction des moyens, à mettre en corrélation avec le durcissement du contexte économique rencontré par les opérateurs de logement social, il est indispensable de veiller au bon emploi des deniers publics. »

Suggérer aux collectivités de passer la vitesse supérieure en termes de construction de logements sociaux, c’est très bien. Mais leur en donner les moyens financiers, serait encore mieux.

Prisonniers de l’injonction à la réduction des dépenses publiques, impulsée par Bruxelles, le gouvernement et la ministre Cécile Duflot vont dans le mauvais sens en réduisant sensiblement (de 10 000 à 6 500 euros) les aides aux conventionnements.

C’est donc bien l’austérité qui met en péril les objectifs d’une loi Duflot que nous avons pourtant plusieurs fois salué. Disons le tout net, cela risque d’être une impasse !

Nous appelons donc nos collègues de gauche, en particulier les parlementaires présents, à se ressaisir et à prendre conscience que la voie austéritaire n’est pas la bonne.

Ce sont maintenant les mal-logés, les travailleurs pauvres et les familles exclues des centres-villes qu’il faut entendre ! Il en est encore temps.

C’est avec cet espoir que nous soutenons ces objectifs de conventionnement.

Voir sur le même thème l’article de l’Humanité à l’occasion de l’assemblée générale des offices publics de l’Habitat.

Le logement ne doit plus être un produit spéculatif !

Voici le texte de notre tribune libre du journal municipal Bordeaux Magazine à paraître en mai:

 

URGENCE POUR LE LOGEMENT POUR TOUS !

 

Les locataires et les accédant-e-s modestes sont accablé-e-s par la flambée
des loyers, des charges, de l’énergie, de l’immobilier et du foncier, qui n’ont
jamais été aussi chers dans notre pays. C’est un véritable racket : de plus en
plus de jeunes, de salarié-e-s, de précaires, de mères isolées… doivent y
consacrer plus de la moitié de leur salaire.

 

Du fait du désengagement financier de l’État, la production de logements
sociaux reste à un niveau très faible, sans compter les démolitions et ventes
imposées par le gouvernement.

 

Le gouvernement soutient la rente locative, les profits tirés de la
spéculation immobilière et foncière au détriment du droit au logement.

 

Bordeaux, avec 16% de logements sociaux ne respecte toujours pas la loi SRU
(20%) et persiste à promouvoir les opérations d’accession privée défiscalisée
(loi Scellier). Le Maire limite à 25 % la production de locatif social (type
PLUS et PLAI) dans les projets de renouvellement urbain (Ginko, Euratlantique,
Brazza, Bassins à flot…). Il ne répond ainsi aucunement à 80% des demandeurs
de logement !

 

Aujourd’hui l’exclusion par l’absence ou le mal logement peut toucher vos
proches, vos voisins, vos enfants, il faut réagir, il faut que la politique du
logement soit refondée.

Nous invitons tous les citoyen(ne)s à manifester et exiger ensemble :

  • Un moratoire sur les expulsions locatives sans relogement durable et décent.
  • Respect de l’obligation d’accueil inconditionnel de toute personne à la rue,
    dans un hébergement décent avec une intermédiation locative jusqu’au relogement.
  • Baisse et régulation des loyers dans le parc privé, des charges et de
    l’énergie.
  • Gel des loyers HLM et un soutien financier de l’État aux bailleurs sociaux
    et la revalorisation des aides au logement (APL, AL) et des aides à la pierre.
  • Taxation de la spéculation immobilière et foncière, pour rendre le logement
    accessible
  • Production massive de logements sociaux (PLUS, PLAI) (50% dans tout nouveau
    projet sur la CUB) et mise aux normes de qualité environnementales et
    énergétiques, maintien de la ressource du livret A et la suppression des mesures
    de défiscalisation dans l’immobilier
  • Le respect de la loi DALO et l’application immédiate de la loi de
    réquisition.
  • L’abrogation de toutes les mesures de marchandisation du logement social
    (Convention d’Utilité Sociale dans sociétés et office HLM, ventes, démolition,
    privatisation des bailleurs sociaux…) et de toutes celles qui précarisent les
    habitants (loi Boutin, loi LOPPSI2,…)
  • Création d’un Service Public du Logement et mobilisation des budgets pour ce
    faire.