« Royal-baby »: faudra-t-il un « stade Louis XVI » ?

Souvent sur ce blog ou dans les discussions que j’ai eu dans la rue, un argument est revenu chez ceux qui doutaient de la pertinence de notre proposition de baptiser le futur stade du nom de Nelson Mandela. « Mandela, c’était un homme formidable, d’accord. Mais quel lien avec Bordeaux ? »

Réflexion de bon sens auquel les amis du collectif pour un stade Nelson Mandela à Bordeaux et moi-même, répondions que les combats de Madiba sont universels, que c’est la solidarité internationale qui, en appui du combat formidable des sud-africains eux-même, a rendu possible sa sortie de prison, et que, enfin, Bordeaux a eu historiquement malheureusement beaucoup à voir avec les discriminations raciales et l’inégalité des droits.

Et voilà que les médias nous offrent sur un plateau un autre argument. Car après tout, qu’avons nous à voir, nous citoyens français héritiers de la belle révolution de 1789, qu’avons nous à voir avec ce déferlement médiatique autour d’une naissance de tête couronnée ? « Ca fait rêver les foules », répondent les tenants des journaux et des chaînes de télé. Mais, je vous l’assure, pas une fois dans les rues de Bacalan, je n’ai été saisi de cette question par les bordelais. « Alors, monsieur Maurin, fille ou garçon, qu’est-ce que vous en pensez ? La maternité, vous croyez qu’ils vont choisir la même ? Et le prénom, c’est important quand même… »

Non, pas une fois, je n’ai eu, même au détour d’un salon de coiffure, ce type de discussion. Voilà typiquement le genre de sujet qu’on nous impose, d’en haut. Bien sûr, on peut se dire que c’est l’été et qu’il n’est pas facile de remplir des pages de journaux quand tout le monde est en congés. Mais, croyez moi, cette actualité nous aurait été imposée à n’importe quelle période de l’année. Et si le nouveau né avait eu la bonne idée de montrer le bout de son nez au moment du débat sur les retraites, à la rentrée, croyez-vous qu’on nous aurait épargné ? Non, la machine médiatique en aurait été décuplée.

Car il s’agit d’occuper le terrain. Comment expliquer sinon qu’on nous parle de cet enfant là et pas, comme le fait à juste titre José Fort, des 1,6 million enfants britanniques sous alimentés et vivant dans des appartements insalubres. Evidemment, c’est moins glamour… Mais c’est l’actualité. Pour le glamour moi, je vais au cinéma voir des comédies. Pour l’info, je voudrais pouvoir regarder le journal télévisé…

Alors quoi ? Quel rapport avec Mandela ? Le rapport, c’est l’image du monde qui se construit sous nos yeux. Car derrière ce déferlement royal-médiatique, ne se cache-t-il pas une certaine nostalgie. « Tant qu’il y aura des rois, ils symboliseront la puissance, le pouvoir », écrit sans honte un éditorialiste. En une phrase, voilà le travail des révolutionnaires français pour redonner le pouvoir au pleuple remisé au placard !

Evidemment, c’est très symbolique. Mais ces Unes de journaux, ces flash infos et ces commentaires plus ou moins idiots construisent des représentations du monde. « Amusez-vous avec les aventures des puissants, leurs ministres s’occupent du reste ! » Sinon, pourquoi Alain Juppé aurait-il tant insisté pour que le nouveau pont de Bordeaux ne porte pas le nom des quartiers populaires de Bacalan et de la Bastide, mais bien celui du maire élu et réélu par la bourgeoisie locale, Jacques Chaban-Delmas ?

Voilà pourquoi nous tenons à utiliser le symbole de Nelson Mandela pour aider le football et le sport en général à tourner le page du sport-businness. Mon camarade Max Guichard avait argumenté sur ce point. Et si ce stade devait être utile au peuple de Bordeaux et de ses environs, alors nous exigeons qu’il porte le nom d’un homme qui a oeuvré pour libérer son peuple de la domination.

Non, le stade de Bordeaux ne doit pas s’appeller Coca Cola Stadium ni Stade Louis XVI, il doit porter le nom de Nelson Mandela !

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Henri Alleg… Celui qui révéla l’horreur de la torture en Algérie…

En emportant le livre « un instituteur communiste en Algérie » de Gaston Revel,  dans mon sac de vacances, je n’imaginais pas que disparaîtrait une des figures de la dénonciation du colonialisme en Algérie, celui qui, dans « la question » révéla la torture: Henri Alleg… Hommage ! Ce soir, je pense aussi à mon père, traumatisé à vie par cette « guerre sans nom » comme l’a montré Tavernier…

Il y a quelques semaines, j’avais rappelé le rôle (discret) joué par Sud-Ouest dans l’effort de popularisation de la lutte de Nelson Mandela, lorsque celui-ci était dans les geôles sud-africaines. Un rappel historique qui m’a valu une volée de bois vert de la part d’un chef de la rédaction.

En ouvrant le journal ce matin, j’ai le regret de constater que le décès de l’immense journaliste et militant de l’indépendance Algérienne, Henri Alleg, suscite le même intérêt à Sud-Ouest que le sort de Mandela dans les années 1980… Un choix minimal partagé avec la Dépêche du midi, alors que la presse nationale, de Libération au Figaro, rend aujourd’hui hommage à Henri Alleg.

Quatre lignes pour une page majeure de l’histoire de notre pays et du mouvement pacifiste international. C’est triste.

 

 

 

Pour en apprendre plus sur la vie riche d’enseignement d’Henri Alleg, il vaudra donc mieux se tourner vers le journal dont il a été un éminent rédacteur, l’Humantité:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PS: La pétition pour que le futur stade de Bordeaux prenne le nom de Nelson Mandela vient de passer la barre des 700 signataires… On continue !