La République espagnole à l’honneur samedi à Bordeaux.
Le 81 ème anniversaire de la seconde République Espagnole donnait l’occasion aux associations, d’inaugurer, au pied de la base sous-marine, un mémorial en hommage aux républicains espagnols, travailleurs forcés à Bordeaux, dont 70 sont morts dans le chantier de construction de la base allemande, « chantier dantesque, lieu de souffrances, de sacrifices et de résistance« .
Joan FABRA-GRATACOS, président de l’association pour le mémorial, après avoir remercié les autorités présentes et rappelé la genèse de ce projet très complexe à finaliser, a donné la parole à l’artiste sculpteur bacalanais Régis PEDROS.
Celui-ci a expliqué ses choix artistiques, la composition en 3 tableaux de son bas-relief, orné du « No Pasaran » symbole de résistance à l’oppression.
Luis DIEZ, pour l’association bacalanaise ADIQ, évoqua à son tour la souffrance créée par la construction de ce bâtiment de
guerre.
Bien que non prévu dans un protocole qui devait donner la parole à la représentante d’Alain JUPPE, à Michèle DELAUNAY et Philippe MADRELLE, c’est en tant que Président du groupe communiste de la ville de Bordeaux, que les organisateurs me tendirent le micro.
Je rendis hommage à ceux « qui rêvaient d’un autre monde et qui, avant tout, aspiraient à une vie meilleure. »
J’insistai sur la « dimension universelle de leur combat pour la justice sociale et la démocratie de ceux qu’on appelait les Rouges, ces ouvriers engagés contre le fascisme. » J’appelai à la vigilance quant aux conséquences de mesures d’austérité « terreau de division et de haine ».
Après les élus, José LOPEZ, co-fondateur de l’association pour le mémorial, prit la parole au nom des associations organisatrices de la manifestation:
« (…) Durant l’hiver de l’année 1939, des centaines de milliers (465 000 selon les historiens) de républicains espagnols passèrent la frontière française pour fuir la répression franquiste, c’est ce que l’on appela la retirada.. Ces républicains espagnols se retrouvèrent dans des camps de concentration qui furent construits par eux-mêmes. D’abord regroupés pour cause de potentielle dangerosité, le régime de Vichy les utilisera très vite comme une main d’œuvre de guerre pas chère aux compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE), puis aux Groupements de Travailleurs Etrangers (GTE) tandis que d’autres seront envoyés dans le cadre du STO sur les chantiers de l’organisation TODT sur la façade Atlantique, entre autres : la base sous-marine de Bordeaux (de 1941 1944). L’organisation TODT employa 2 500 prisonniers ou requis (Français, Russes, Espagnols, Portugais et d’autres nationalités) et en plus 3000 républicains espagnols venus des camps.(…) »
Puis Joan FABRA évoqua avec grande émotion, la mémoire de Juan Enrique GONZALEZ RANZ, décédé quelques jours avant la cérémonie, et qui faisait partie des trois survivants du travail forcé de la Base, honorés ce jour. C’est donc à son fils Floréal, qu’il remit le diplôme. Diplôme remis également à José PALOMERA, 89 ans, interné à la caserne Niel, évadé à l’occasion d’un examen médical pour une ernie, puis membre d’un maquis de Dordogne. Ainsi qu’à Angel VILLAR, 90 ans, membre d’honneur de Ay Carmela, accompagné de son épouse Juliana, tous deux résistants à Bordeaux. Angel n’a pas voulu faire de discours, il a simplement entonné « l’Internationale »… en espagnol, évidemment !
Après une minute de silence, ce fut le dépôt de gerbe au pied du monument au son d’un hymne républicain joué par une cornemuse spécialement déplacée de Gallice, puis le chant des partisans et enfin poésie et chants républicains
accompagnés par guitares et percussions… Grand moment culturel fort apprécié par les deux cents participants !
Angel VILLAR
José PALOMERA
Floreal GONZALEZ portant la gerbe en hommage à son père