Rythmes scolaires, décentralisation, austérité… L’école vaut mieux que ça !
Notre groupe fut le premier à demander au Maire le report de la réforme des rythmes scolaires à 2014. Nous disions: « …cette réforme sera l’occasion d’une mise à plat des dispositifs municipaux existants et un vrai défi pour la correction des inégalités d’offres périscolaires dans les différents quartiers… ». Aujourd’hui, les premières propositions du Maire posent problème: il n’y aurait que 2 jours d’allègement de la journée scolaire. L’allongement de la pause méridienne en maternelle entraînerait des difficultés de locaux, de personnels et de repères pour le petit élève. Rien sur de nouvelles ambitions en direction des quartiers « politique de la ville ». De plus, le mode de concertation annoncé laisse les écoles réceptrices d’un projet, au printemps 2014, conçu sans elles…Un comble !
Bref, une application bordelaise de la réforme qui mérite que parents, enseignants et personnels municipaux et associatifs s’emparent du débat dès la rentrée !
Sans que cette réforme nous détourne d’un travail sur les contenus, les pratiques et les conditions d’apprentissage, là où se fabrique l’échec scolaire. L’urgence politique est à la construction d’une école de la réussite pour tous : elle doit viser non pas à moins d’école mais à plus et mieux d’école, à l’accès de tous à une culture commune de haut niveau, sous peine d’aggraver encore les inégalités.
Ni socle commun, ni externalisation ! Pour une école vraiment commune, les missions du scolaire et du périscolaire doivent être clairement définies, dans le respect du rôle de chacun.
La réforme Peillon est à la charge des communes, alors même que les moyens alloués aux écoles varient encore de un à dix !
Savez-vous par exemple qu’à Bordeaux, les dotations budgétaires pour les fournitures des 98 écoles publiques n’ont pas bougé depuis 10 ans (44€ par élève d’élémentaire et 33,20€ en maternelle) ? Alors que les prix ont explosé (+100% sur certains consommables). Savez-vous que les budgets « classes découvertes », pourtant au coeur de l’agenda 21 bordelais, stagnent. Idem pour les enveloppes bus des sorties scolaires.
L’acte III de la décentralisation, en débat au parlement, remet en cause le principe de l’égalité républicaine. Sur fond de politique d’austérité, le gouvernement veut imposer une territorialisation de l’école qui aggravera les disparités au lieu de les corriger. La visée libérale de la gestion municipale bordelaise s’en accomode d’ailleurs parfaitement. Sinon, comment expliquer l’accord parfait entre Ville et Direction académique privant des quartiers prioritaires comme le Grand Parc et Dupaty de places pour la scolarisation des enfants de moins de 3 ans ? Sinon, comment expliquer le silence de l’Etat quand Bordeaux favorise l’enseignement privé ? Sinon, comment expliquer la largesse académique attribuant 2 postes pour 21 élèves à Ginko et refusant d’ouvrir une classe à Schweitzer élémentaire où la moyenne dépasse pourtant 27 ?
Bordeaux n’est-elle pas en train de glisser subrepticement dans l’expérimentation de ce que sera la territorialisation de l’école de la République ?
Sarkozy l’a rêvée… Peillon et Juppé la font !?
A des années lumière d’une réelle transformation de l’école, dans une perspective égalitaire et émancipatrice… Une autre école… Pour Bordeaux, encore plus belle et rebelle.