Il ne se passe pas une semaine sans que je sois saisi de cas précis de familles sans solution pour la garde ou la scolarisation de leurs enfants de moins de trois ans. Pour deux raisons:
L’objectif du maire de parvenir à 6000 places d’accueil petite enfance d’ici 2014 est en passe d’être atteint… Sauf qu’il ne suit pas la courbe de la demande ! Les nouveaux habitants sont là et les listes d’attente aussi…
Les annonces ministérielles ont stimulé la demande de scolarisation des enfants de moins de 3 ans… Sauf qu’il n’y aura que 3 postes dédiés pour 50 écoles maternelles à Bordeaux. Au final, il est possible qu’on assiste à un nouveau recul de la scolarisation des tout petits… Avec la bénédiction de la Mairie, qui ne veut pas débloquer les moyens en personnel ATSEM, ni agrandir les locaux…
Voici notre tribune municipale de juin:
Petite enfance: recul du service public !
Il y a peu, sur France inter, Alain Juppé se vantait d’avoir supprimé, avec Nicolas Sarkozy, 150000 emplois dans la fonction publique et demandait d’aller encore plus loin aujourd’hui en dégraissant l’emploi des collectivités territoriales… Avec la multiplication des délégation de service public (DSP) concernant la petite enfance, c’est ce à quoi le maire s’emploie aujourd’hui à Bordeaux.
D’après un rapport présenté en février dernier (Chambre régionale des comptes), seulement 36% des petits bordelais sont accueillis en crèche municipale. 55% des établissements petite enfance sont gérés par la commune. Ce taux est de 64% au plan national. Il est souvent de 100% dans les municipalités communistes.
La délibération du conseil du 29 avril 2013 présente comme « innovante » le recours à une DSP pour le service de petite enfance. C’est une façon de voir les choses… Car constatant les insuffisances des opérateurs privés, de nombreuses collectivités se posent la question de mettre fin aux DSP pour réorienter en régie des services comme la gestion de l’eau et des transports en commun.
Alors que la récente grève des agents de la petite enfance a mis en avant le déficit flagrant de personnel dans les crèches municipales, le maire tourne le dos au service public, en ayant recours au privé. Car, les financements de structure étant conservés par la ville, c’est bien sur le service et en particulier sur les charges de personnels que la ville invite le futur prestataire à faire de économies. Quand on assume de faire des économies sur le dos de la petite-enfance et que l’on trouve ça « innovant », c’est qu’il reste du chemin pour retrouver le sens de l’intérêt gènéral.
De plus, et cela ne concerne pas uniquement la mairie, nous venons d’apprendre que seuls trois postes d’enseignant dédiés à l’accueil des deux ans seront attribués à la Ville de Bordeaux (l’un à Belcier, l’autre à Bacalan, le troisième à La Benauge). Le compte n’y est pas, la tendance à la déscolarisation des deux ans déjà fortement amorcée depuis plusieurs années (le manque de place pour faire dormir les « petits » et de personnel qualifié pour accompagner les enseignants étant les arguments favoris de la municipalité) ne sera pas inversée, contrairement à ce qui se fait dans un grand nombre d’écoles privées.
En effet, une volonté politique encore une fois insuffisante ne permettra pas aux petits bordelais, particulièrement aux plus défavorisés (aucun enfant de moins de trois ans au Grand Parc), de bénéficier d’une scolarisation à partir de deux ans. Là encore, les mesures d’austérité interdisant de recruter davantage d’enseignants rejoignent et prolongent les divers arguments qui visent à faire reculer l’offre de service public concernant la petite enfance.
Bordelaises, bordelais, ne laissons pas faire. Mobilisons-nous pour le droit à une offre d’accueil collectif pour les moins de deux ans et une scolarisation des moins de trois ans dans tous les quartiers de Bordeaux. Pour que Bordeaux soit belle et rebelle !