Enfin l’été arrive dans le ciel bordelais (ou presque…). Et avec lui, les animations de saison. Après la très commerciale Fête du Fleuve, la ville a relayé l’intiative d’un privé qui invitait les curieux à passer la nuit à la belle étoile dans le jardin public. Enfin, nos places et nos rues vont accueillir le catalan Jaume Plensa. Pour ma part, j’ai hâte de voir ses oeuvres.
Mais cette frenésie évènementielle cache de moins en moins bien la trop grande frilosité du palais Rohan pour l’aventure culturelle. Ce qu’a certainement voulu mettre en avant le collectif OPA. Agitateurs du quartier Saint-Pierre et d’ailleurs, ils ont remis sur les murs de la ville une poésie écrite en 2008. J’en partage certains constats. Et en tous cas la volonté de réveiller la Belle Bordeaux dont, avec les camarades du Front de gauche, nous voulons révéler le caractère Rebelle !
Bordeaux, tu dors ?
Ben alors, qu’est-ce qui t’arrive ? T’as l’air morose sous la grisaille et malgré le lifting de la veille, t’as les traits tirés. Pauvre Bordeaux ! Tu dors encore?T’as l’air bien seule, comme vidée de tes promeneurs, des badauds qui levaient les yeux aux détours, leurs yeux qui te faisaient l’amour? T’as l’air si jeune et si figée, pauvre Bordeaux ! Tu dors?Avant, avant que tu ne deviennes lisse, définitivement semblant et paraître, j’aurais aimé chanter tes contours mais déjà bien refigurée, pauvre Bordeaux ! Tu dors?
Perdant mes pas dans tes rues qui ne me racontent plus rien, dans ton décor de cinéma, quelque chose de toi me tiraille, me donne faim et soif de vie mais on dirait que tu es morte. Pauvre Bordeaux ! Tu dors?
On peut remplir ton ciel de mille feux d’artifice, convier les gogos à la fête, tout cela manque tellement d’élan. Dans ton écrin qui sent le rance, pauvre Bordeaux, tu dors encore?
J’ai fait un rêve.
Soudain, tu tremblais comme l’espoir, tu étirais tes muscles endoloris, tu prenais note de ta beauté.
Soudain debout, aux flambeaux de tes statues de bronze, de ta colère et de ta fronde, des essaims de liberté, je te voyais sortant de la pénombre, ô Bordeaux, ô ma rage !
Des murs bavards, des braseros à chaque coin de rue, à chaque coin, des barricades, un frisson parcourant ton échine… Il n’est pas si dur de sortir du lit, de faire déborder ta Garonne : Bordeaux, réveille-toi !
O.P.A
Juillet 2008
Yep !
Tous les productions d’O.P.A étant diffusées sous licence libre Creative Commons, il est effectivement possible de les reproduire sans attendre notre autorisation.
Néanmoins, nous tenons à préciser qu’O.P.A ne soutient aucun parti politique – de droite comme de gauche, que nous n’avons d’affinités avec aucun d’entre eux.
Aussi le texte reproduit ici ne signifie en rien que nous soyons proches du Front de Gauche. Non vraiment pas !
Nous avons toujours dit : « Merde aux partis, tout le pouvoir au peuple », cette devise est encore en cours.
Autonomistes, auto-gestionnaires, cela fait longtemps que nous ne déposons plus dans l’urne nos bulletins de vote inutiles.
Voili. Il nous tenait à coeur d’apporter ici cette précision.
L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre – O.P.A
Précision importante en effet. C’est le propos poétique qui m’a intéressé évidemment. Je ne partage d’ailleurs pas tout dans ce poème. C’est cela la politique selon moi (quelque soit la façon d’en faire): partager des idées, s’affronter quand c’est nécessaire et se nourrir les uns des autres.
Merci pour la stimulation poético-politique et merci pour l’autorisation. La prochaine fois, je la demanderais avant 😉
Yep !
Comme précisé, pas besoin de notre autorisation pour diffuser nos productions.
C’est sous copyleft, creative commons.
Vous trouverez ici ce que cela veut dire précisément :
http://www.opa33.org/opa-creative-commons.html
Heureux que le propos poétique vous ait intéressé.
Cordialement,
L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre – O.P.A